La Montagne / 29 mars 2020
Pour le poète et professeur de lettres Matthias Vincenot, qui organise tous les étés le festival DécOUVRIR à Concèze, en Corrèze, la littérature est un art de vivre. Il nous livre quelques conseils de lecture précieux pour mieux vivre cette période de confinement. « En cette période de confinement, où il est utile de rappeler que la plupart d’entre nous télétravaillent tout en s’occupant, pour beaucoup, des enfants qui sont à la maison, et où nous devons agir avec notre perception du temps qui nous sauvera de l’angoisse et du sentiment d’enfermement, nous avons besoin d’évasion, et la littérature la permet.
Un peu de poésie
Mes conseils commenceront, sous forme de boutade, par le poète qui en porte presque le nom : Francis Coffinet. Sa poésie n’est justement pas confinée, elle est minimaliste et dense, parfois grave, et je vous conseille chacun de ses recueils. Vous pouvez notamment le retrouver, avec d’autres, dans l’Anthologie de l’intime, réalisée par Laurence Bouvet et Jean-Louis Guitard, aux éditions Unicité. L’intime couvre un champ si vaste de l’art qu’il rend cette anthologie, qui est aussi une porte d’entrée vers la poésie d’aujourd’hui, tout à fait essentielle.
Quelques notes de musique
De la poésie à la musique, faisons le pas pour découvrir Le mari de la harpiste (éd. Julliard), un roman de Laurent Bénégui, qui pose cette question : comment faire pour vivre avec un(e) artiste quand sa passion prend beaucoup de place ? Ici une harpe, au sens propre comme au sens figuré. Il s’agit par ailleurs d’un beau roman d’amour, et pas seulement de l’amour de l’art. Un autre grand livre d’amour est celui de Jérôme Attal paru récemment, La petite sonneuse de cloches (éd. Robert Laffont), roman de la quête d’un moment précieux : celui d’un baiser. Comme toujours, Jérôme Attal écrit avec une telle délicatesse que sa sensibilité nous renvoie à la nôtre, au cas où on l’aurait laissée échapper.
Et beaucoup d’amour
Quand Jérôme Attal rend réaliste une utopie, Murielle Magellan s’ancre dans le réel et montre, dans Le bord intime des rivières (éd. Julliard), par une histoire de rencontre entre deux solitudes, qu’aucun chemin n’est tout tracé et qu’il n’est de prédisposition sociale que pour ceux qui y croient. Ces chemins non tracés et les circonstances de la vie font qu’une jeune femme, dans la série de bandes dessinées Château Bordeaux, reprend un vignoble en difficulté suite à la mort mystérieuse de son père. C’est l’occasion de nombreuses aventures, et si vous vous attachez à elle, vous pourrez poursuivre, par les mêmes auteurs, Corbeyran (au scénario) et Espé (aux illustrations), avec la série A table ! qui en constitue la suite. Alors que tout s’arrête autour de nous, n’arrêtons surtout pas de sourire, de rêver, de réaliser encore mieux qui nous aimons, ce que nous aimons, ce à quoi et celles et ceux à qui nous tenons, en bref d’être nous-mêmes, peut-être même en mieux. »